EQUATIONS D'ATTITUDE D'UN SATELLITE |
CONTENU : Mis à jour juillet 2000, revu sept 2011 |
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Nous
abordons dans ce cours de mécanique classique le problème de la résolution
numérique des équations du mouvement d'un satellite autour de son centre
d'inertie G. Ce problème se pose inévitablement quand on veut contrôler
l'orientation d'un satellite dans l'espace.
NB
: les calculs peuvent tout aussi bien s'appliquer à des problèmes de
gyroscopie, pour des solides en mouvement autour d'un point fixe d'un repère
inertiel.
J'espère
ainsi rendre service à ceux qui entreprennent des projets ou des études de
stabilisation d'un satellite. Le but est surtout pratique, puisque orienté vers
le traitement numérique des équations.
S
désigne le satellite, Ra la base inertielle I J K, R le repère i j k lié à S, G
le centre d'inertie.
La
figure est celle du cas général, d'un mouvement de rotation autour du centre
d'inerte.
Le vecteur rotation absolu, traduit en axes relatifs du repère R
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La matrice centrale d'inertie du satellite dans les axes de R |
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Le moment MG calculé en G de l'ensemble des actions extérieures |
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P la matrice de passage de la base inertielle Ra à la base
relative R |
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A la matrice de passage de la base inertielle R à la base
relative Ra |
2°) Equation d'évolution de la
matrice P ou de A :
Sur
le plan pratique, nous devons en général étudier l'attitude du satellite par
rapport à la base inertielle Ra. Cela signifie que la connaissance de
l'orientation des axes ijk, liés au satellite, est indispensable. D'où la
nécessité de connaître à chaque instant la matrice P ou son inverse (ici
transposée ) A.
Il
nous faut donc établir l'équation d'évolution de A ou P, en fonction du temps
t. Nous partons de la définition de A, par exemple
Le
calcul de la dérivée est simple avec: |
Le
lecteur effectuera les calculs de dérivation, terme à terme et vérifiera sans
peine que A vérifie une équation différentielle matricielle, linéaire,
utilisant une matrice W* construite à partir de W :
Naturellement
P vérifie une équation analogue, obtenue par transposition de celle vérifiée
par A, soit :
II EQUATIONS DU MOUVEMENT DE ROTATION :
Etablissons
l'ensemble des équations permettant la résolution du problème.
1°) Equations
de la mécanique :
La
mécanique générale et le théorème du moment cinétique, appliqué au satellite,
en son centre d'inertie et projeté sur les axes mobiles du repère R lié au
satellite, donnent :
Nous
obtenons donc 3 équations scalaires, qui fourniront le vecteur rotation ou
encore p, q, r.
2°) Autre usage de P ou de A :
Tous
ceux qui s'intéressent au comportement d'un satellite autour de son centre
d'inertie G, savent que les couples agissant sur ce satellite sont d'origine
diverses.
Il
apparaît donc que pour obtenir le moment résultant MG en axes
satellite, il faut utiliser la matrice A.
On
en déduit que le calcul de p, q, r ne peut être dissocié de celui de la matrice
P ou A.
3°) SYSTEME DIFFERENTIEL COMPLET DU MOUVEMENT
:
La
synthèse des calculs ci dessus donne l'ensemble des équations suivantes,
équivalent à 12 équations scalaires( 3 pour la rotation, 9 pour la matrice P ou
A ) à traiter en parallèle, avec les 12 conditions initiales:
NB
: Suivant un conseil de spécialistes, mais que je n'ai pas vérifié, ni
expérimenté à ce jour, la vérification de la précision du calcul peut être
réalisée en scrutant l'évolution de la matrice produit M = A.tA qui
doit rester symétrique, ce qui mathématiquement est vrai.
III Repérage de l'attitude du satellite. Cinématique
d'attitude :
Nous
limitons l'exposé au strict nécessaire du cas étudié, à savoir un satellite sur
orbite circulaire, avec pointage Terre.
Qu'appelle-t-on pointage Terre?
On
appelle ainsi une configuration de la plate-forme qui présente toujours un axe
d'inertie (axe de lacet z) pointé vers le centre de la Terre. Cette
configuration est particulièrement adaptée en imagerie et surveillance de la
terre ou en télécommunications spatiales.
Nous
nous intéressons ici uniquement à l'aspect mécanique du problème.
1°) Notations et repères de références :
Donnons
ici les repères utiles pour la partie mécanique
a)
Héliocentrique
Le
repère inertiel (galiléen = absolu) de base est héliocentrique avec comme
origine le Soleil et des axes de directions stellaires.
RH:
S, XE, YE, ZE "Héliocentrique écliptique" pour l'étude des transferts
interplanétaires.
XE
suivant la ligne vernale
XE,
YE plan écliptique
ZE
vers le nord écliptique
b)
Géocentrique
RT:
XT,YT, ZT "Géocentrique équatorial" également inertiel pour les
mouvements autour de la Terre avec comme origine le centre de la Terre.
XT=XE
ZT
suivant l'axe des pôles "vers l'étoile polaire"
XT,
YT est le plan équatorial terrestre.
La
matrice de passage de RE à RT est P1 où e
désigne l'angle d'inclinaison de l'équateur terrestre sur l'écliptique e=23°27'
c)
Orbital terrestre local
Ro:
X, Y, Z non inertiel, en rotation uniforme par rapport à RT, en hypothèse
képlérienne dans le cas de l'orbite circulaire.
Origine
S qui est la position du satellite à l'instant t sur l'orbite circulaire
X
suivant la tangente à l'orbite, X porte le vecteur vitesse
Z
suivant la verticale ascendante
Y
perpendiculaire au plan orbital ou encore parallèle au moment cinétique.
On
notera dans tout l'exposé wo la pulsation orbitale sur l'orbite circulaire de
rayon a
Le
vecteur rotation instantanée de Ro par rapport à un repère inertiel d'origine
Terre est
Ne
perdons pas de vue que c'est l'attitude de ce repère R qui est en permanence
sous la surveillance du système SCAO. La connaissance de son orientation est
donc capitale.
Nous
définissons ici les angles conventionnels de
Roulis
f mesuré autour de x ( voisin de X lorsque les angles sont petits)
Tangage
q mesuré autour de b ( voisin de Y
lorsque les angles sont petits)
Lacet
y mesuré autour de Z
La
page précédente explicite clairement les 3 angles en question, il suffit
simplement de savoir que l'axe a est la projection sur le plan horizontal X, Y
de l'axe x.
2°) Calcul de la rotation instantanée (angles
quelconques) :
Exprimé
dans les axes satellites le vecteur rotation instantanée absolue a pour composantes
(celles qui seraient mesurées par des gyroscopes) :
Vous
noterez qu'il s'agit de la rotation galiléenne et que la rotation qu'il faut annuler
quand on souhaite obtenir un pointage Terre parfait est la rotation relative au
repère orbital de composantes en roulis, tangage et lacet:
Telles
seront les composantes de la rotation satellite à prendre en compte lors de
l'acquisition grands angles et pendant la phase de réduction des vitesses
angulaires, nécessaire en particulier lors de l'utilisation du gradient de
gravité pour qu'il y ait capture
Cas
des petits angles en pointage fin ou en configuration nominale sous
surveillance par SCAO
IV DYNAMIQUE DU SATELLITE (A
ELEMENTS RIGIDES ):
Ce
paragraphe capital sera une référence pour la plupart des cours de SCAO
présents sur ce site.
1°)
CONVENTIONS ET DEFINITIONS :
Un
satellite, une station spatiale ou un lanceur est constitué:
d'un
corps principal solide appelé S, dont l'attitude est la plus importante
de
parties annexes solides quelquefois mobiles en rotation, constituant:
des
équipements scientifiques (caméras,...)
des
actionneurs de contrôle ( roues ou volants à inertie )
des
systèmes d'enregistrement ( enregistreurs d'images...)
des
moteurs de commande ( de panneaux solaires, d'antennes, de roues de réaction,
de fusées de commandes...), etc...
Nous
noterons :
Le
moment cinétique total satellite + équipements mobiles |
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Le
vecteur rotation instantanée inertiel de S, exprimé dans des axes principaux
et liés à S, nommés i j k. |
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Le
tenseur d'inertie de l'ensemble supposé "solidifié", exprimé dans
des axes i j k principaux et liés au satellite |
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Le
moment cinétique de S, exprimé dans les axes principaux du satellite, liés à
S, nommés i j k. En pratique, c'est le moment cinétique du satellite où tous
les éléments tournants sont supposés bloqués sur leurs paliers. |
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IRi |
Le
moment d'inertie axial d'une roue indexée par i |
La
mesure de la rotation axiale de la roue i, par rapport au satellite |
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ik |
Le
moment d'inertie axial d'un équipement tournant indexé par k |
wk |
La
mesure de la rotation axiale par rapport au satellite, de l'équipement
mobile k. |
Le
couple de commande des actionneurs, souvent appelés "thrusters" |
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La
résultante des couples perturbateurs externes (gradient de gravité,
magnétiques aérodynamiques ….) |
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La
résultante des couples externes, soit de commande( tuyères,... ), soit perturbateurs |
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La
résultante des couples perturbateurs internes |
1°)
MOMENTS CINETIQUES :
Le
lecteur utilisera ses connaissances en mécanique du solide et des systèmes pour
établir que :
Voir un exemple simple et une
interprétation des équations
2°)
EQUATIONS GENERALES :
Le
théorème du moment satellite nécessairement appliqué en axes inertiels donne :
La
forme la plus naturelle pour présenter l'équation est de privilégier la partie
fixe( dans l'immédiat seule intéressante ) et de mettre en évidence le rôle des
différents termes de l'équation.
Plus
simplement, nous pouvons regrouper les termes du second membre :
Considéré
comme la commande imposée, avec les couples externes et l'effet de réaction
des roues sur le satellite, à voir comme des couples de commande internes |
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Apparaissant
comme résultante des perturbations. Avec la perturbation externe inévitable,
l'effet de réaction des mécanismes internes mis en mouvement, et de termes
d'origine gyroscopique inévitables lorsque les rotations concernées ne sont
pas colinéaires. |
Ces
équations exprimées en axes relatifs liés au satellite donneront les équations
de la dynamique du satellite, permettant le calcul des composantes p, q, r de
la rotation instantanée.
Un
pas d'intégration supplémentaire accompagné des équations cinématiques reliant
rotation, angles et repère fourniront l'attitude du satellite.
a) EXEMPLE SIMPLE DU SOLIDE SANS ROUES, SOUS COMMANDE OU PERTURBATIONS :
Le
lecteur se convaincra de l'ensemble des relations formant le système du
mouvement, où P désigne la matrice de passage du
repère satellite S au repère inertiel:
b) SOLIDE SANS ROUES, SOUS COMMANDE OU PERTURBATIONS :
Les
vitesses angulaires restent alors très faibles ce qui permet de négliger les
termes non linéaires de couplage entre axes. Les équations deviennent alors :
c) SOLIDE SANS ROUES, EN POINTGE INERTIEL, SOUS COMMANDE OU
PERTURBATIONS :
Les
angles utilisés sont alors petits et s'appellent rappelons le roulis,
lacet et tangage.
Avec les approximations d'usage les 3 axes se découplent et les équations sont
simples :
Guiziou Robert juillet 2000, sept
2011